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"A défaut de comprendre qui nous sommes et d'où nous venons, je ne pense pas que nous puissions réellement progresser " Louis B. Leakey

samedi 25 novembre 2017

Les contes de Solman - à travers la Maison X : aux ambitions concrétisées...



Après s’être bien restaurée, reposée et avoir pris du bon temps, notre petite bande arrive maintenant au seuil de la Maison X.

La Maison X, au zénith du thème, appelée également Milieu du Ciel, est une maison cardinale, de Terre, maîtrisée par la planète Saturne, en analogie avec le signe du Capricorne.

C’est la maison de la destinée sociale et professionnelle, de l’élévation, de l’ambition, en opposition au Fond du Ciel, la Maison IV, lieu d’ancrage, où on érige nos structures personnelles, nos propres assises, là où on doit établir sa personnalité, son foyer, ses racines de base, qui doivent être suffisamment solides et authentiques pour nous permettre en X de nous élever.

En secteur X, nous avons l'ambition de réussir, d'être reconnu pour nos accomplissements. C’est un lieu de réalisation, là où nous avons à trouver notre vocation dans le monde.

« En ce sommet où le soleil brille à midi, chacun est appelé à rayonner dans le monde et à être une étoile parmi les myriades d’Etoiles, après avoir appris au Descendant à être un Soleil face à un autre Soleil.
Tandis que nous avons réussi à conjuguer le « Je » et le « Tu », voici le moment de se mettre à Je-Nous. Plier le genou voilà l’épreuve initiatique du Milieu du Ciel tandis que le « Je » doit sacrifier son ambition personnelle et offrir sa puissance et sa créativité à la cause du « Nous ».
En tant que IV de la VII, la Maison X est un lieu de réalisation pour tout ce qui a été initié au Descendant. Du point de vue de nos attentes d’abord, elle nous pousse à accéder sur le plan public (X) aux satisfactions que nous recherchions sur le plan relationnel (VII).
Maintenant ce n’est pas seulement face à l’Autre que nous voulons être un Soleil, mais c’est face à la société et pourquoi pas face au monde. »
Eric Berrut, les parents dans le thème de naissance. Ciel mes aïeux. Editions Janus.

... aux ambitions concrétisées


La pièce X est pour le moins plombante : l’atmosphère y est saine mais l'ambiance y est austère, morose. Toutes les planètes se regardent stupéfaites ; ils viennent de quitter le paradis pour se retrouver sur une terre aride et devant une immense montagne cachant la vue du ciel. Jupiter ravale son optimisme en une minute, Saturne esquisse un sourire. La porte X se referme derrière eux en une avalanche de poussières et de gros rochers, tous finissent par éternuer et tousser, ils enlèvent la couche de poussière de leurs épaules.

Jupiter : Nous voilà coincés. Zut !

Saturne : Chef, que faisons-nous à présent ?


Jupiter ne répond pas. Il se sent considérablement opprimé dans cette pièce : pas de ciel, pas d'horizon, pas de végétation, pas de victuailles, juste un vulgaire mais néanmoins énorme caillou, aucune possibilité de découvertes, de voyages, d'aventures. Le constat est sans appel : ici tout n'est que du terre-à-terre.

Jupiter : Je suppose que la prochaine porte est derrière cette... euh…monstruosité… Qu'en pensez- vous ?

Saturne : Vous avez peut-être raison mais il se pourrait aussi qu'elle soit tout en haut de cette… magnifique structure de la nature !

Jupiter : Euh oui bon... Et vous suggérez donc que nous grimpions…

Mars : Moi, ça me tente bien !

Jupiter : Grimper tout en haut ? Mais vous n'y pensez pas ?! C'est infaisable, trop haut, trop dur ! Si j'aime les challenges, tout comme vous Mars, j'aime encore plus lorsque j’ai la conviction que quelque chose est présent au bout de la difficulté ou que j’apprendrais quelque chose d’intéressant. Or cette chose plantée là ne m'inspire pas du tout.

Mars n'écoutant pas les appréhensions de Jupiter s'exclame :

Mars : Hé hé hé ! Le dernier arrivé est un imbécile ! C'est parti !

Mars se lance d'un seul coup à l'assaut de la paroi, Jupiter lui hurle d'arrêter, voulant sauvegarder son rôle de chef, Soleil, dans un élan d'orgueil, ne voulant pas être la risée de tout le monde, court vers la montagne à son tour et demande à Lune d'activer sa course. Venus crie à Mars de l'attendre et de l'aider à monter ; celui-ci ne voulant pas perdre de temps la saisit et la balance sur ses épaules. Venus est aux anges, elle a encore réussi à manipuler son compagnon : elle le connait suffisamment maintenant pour savoir que les discours sont vains avec lui, seule compte l'action. De son côté, comme toujours, Mars n'a rien vu dans sa volonté d'aller vite, il ne s'est pas aperçu qu'elle voulait seulement éviter de se casser un ongle sur la roche en escaladant. Pluton observe la structure au sol de cette masse rocheuse et discerne un coin plus tendre où il va pouvoir s'adonner à son hobby : la spéléologie. Il commence à creuser pour fabriquer un tunnel jusqu'au sommet quand Jupiter dépité par le fait que personne ne l'écoute, jette l'éponge et s'adresse à Neptune :

Jupiter : Qu'allez-vous faire cher ami ? Me désobéir aussi ?

Neptune : Oh non, j'ai trop de respect pour vous. En revanche, il faudrait peut-être les suivre, que vous puissiez assoir votre rôle une fois en haut ?

Jupiter : Oui vous avez raison ! Je garde mon optimisme et vous sublimez tout ce qui vous entoure. Nous sommes vraiment la plus belle équipe non ?

Neptune : Ça ne coûte rien d'y croire...

Jupiter : Et vous Saturne, vous n'êtes pas déjà en train de gravir cette montagne ? C’était pourtant votre idée non ?

Saturne : Très cher ! De la patience, voilà le secret, j'ajouterai : doucement mais sûrement !

Jupiter, partisan du moindre effort (même s'il adore la compétition) s'engouffre alors dans le tunnel que Pluton a déjà bien commencé à construire, Neptune lui emboite le pas. Saturne se tourne vers Uranus et lui fait signe de le suivre. Uranus a fini par donner sa confiance à son collègue grâce à l'endurance qu'il a pu constater chez lui dans les deux maisons précédentes malgré de lourds handicaps. Ils se dirigent alors vers une petite plate-forme que seul Saturne avait remarquée. Celui-ci invite Uranus à se joindre à ses côtés et en souriant abaisse un levier, la planche de bois se met alors à bouger puis à s'élever doucement dans les airs.

Uranus : Un monte-charge ! C'est génial !

Saturne : Cela vous surprend ?

Uranus : Euh... Oui tiens ! Une fois n'est pas coutume !

Sans efforts, ils grimpent tous les deux le versant est de la montagne. Sur le versant sud, Soleil a appris à Lune une excellente manière d'escalader la montagne ensemble : il l'attend et lui donne des indications lorsqu'il est en dessous d’elle puis les rôles sont inversés au fur et à mesure. Mars a finalement préféré attacher Venus à une corde et grimpe à une vitesse remarquable.
Mercure, seul, observe tous les grimpeurs en optimisant son propre parcours et profite ainsi de leurs erreurs même si son choix stratégique le fait rester en arrière. Pendant ce temps, Pluton met toute sa force à creuser la roche tendre et fait confiance à son instinct sur le chemin à suivre le plus court pour atteindre le sommet.

Les anges commentent :

« Le marathon est lancé ! En tête, Mars, son entêtement et sa partenaire, Venus. Tous deux sont suivis du duo Soleil-Lune et de Mercure, toujours aussi agile est en bonne position d’outsider. Pluton, Jupiter et Neptune sont invisibles mais une image technique les donne en quatrième position. Saturne et Uranus sont, quant à eux, bons derniers. »

Uranus : Quoi ! Nous sommes derniers ?

Saturne : Que vous ai-je dit à propos de la patience ?

Uranus : Oui, mais quand même !

Saturne : Apprenez !

Lune, fatiguée, finit par se décourager et Soleil ne voulant pas l'abandonner (malgré une colère intérieure très mal dissimulée car sentant la victoire lui échapper) l'encourage et suit son rythme. Mars a trouvé sa cadence et grimpe avec une facilité que Saturne et Uranus applaudissent. En effet, la plate-forme les soutenant arrive maintenant à la hauteur de ce dernier. Surpris, celui-ci vocifère et hurle à la tricherie, puis encouragé par Venus qui lui signale que sa colère est vaine, accélère encore le pas. Venus profite de son oisiveté pour sourire aux concurrents et demande si tout le monde va bien ou si personne ne s’est blessé sur la paroi rocheuse. Mercure, voyant passer la plate-forme avec intérêt, tente d'attraper un cordon qui dépasse avec succès. Pluton, sous terre, s’active toujours en sentant intuitivement qu'il est dans les temps même si son objectif n'est pas, semble-t-il la gagne. Jupiter et Neptune, suivant les couloirs creusés par Pluton, discutent sur le meilleur moyen de retrouver une bonne écoute et entente au sein du groupe.

« A plus de la moitié de l'épreuve de grimpette, les positions sont : premiers ex-æquo Saturne et Uranus suivis de Mars qui ne veut pas s'avouer vaincu, Mercure est au coude à coude avec Venus, le duo Soleil-Lune subit un coup de fatigue, Pluton, Jupiter et Neptune que nous appellerons désormais, les invisibles, sont à mi-hauteur et leurs chances de victoire s’amoindrissent. »

Jupiter : Non mais vous avez entendu ? Nous sommes derniers ! Pluton, faites un effort, creusez plus vite !

Pluton : Je n'aurai pas à creuser autant si je ne devais pas vous faire de la place, vous et vos rondeurs !

Jupiter : Comment ça ?! Je ne suis pas gros ! Je profite de la vie c'est tout.

Pluton : En attendant, à cause de vous j'ai le double de travail à faire.

Jupiter : Et bien, faites pour vous uniquement et je me débrouillerai.

Soleil opte finalement pour mettre Lune sur ses épaules, il rattrape son retard vis-à-vis de Mars. Saturne et Uranus regardent la scène de leur perchoir. Mars, en sueur, continue de vociférer dans son coin tout en montant à une nouvelle cadence record. La plate-forme finit par arriver au sommet et Uranus laisse Saturne poser son pied en premier sur le sol en signe de victoire.

Uranus : Je reconnais que vous aviez raison ! Aussi, c'est un honneur de vous laisser la victoire.

Mercure n'avait pas prévu que le monte-charge s'arrêterait au ras du sol et il se voit privé d'une troisième place en restant pendu dans le vide pendant cinq bonnes minutes. Mars en profite pour être le troisième et oublie sa partenaire, trop coléreux vis-à-vis de Saturne et demandant aux anges d'annuler cette épreuve pour manque de mérite. Soleil arrive à son tour portant Lune qui l'embrasse fièrement. Venus arrive en même temps que Mercure qui a réussi à se balancer suffisamment pour sauter, elle vient gifler Mars pour l'avoir oublié et lui crie qu'elle est totalement défigurée par tous les efforts qu'elle vient de fournir sur moins d’un mètre. Elle lui montre à quel point elle a souffert en lui jetant à la figure un de ses ongles cassés. Pluton émerge et vient prendre la suite du classement. Tous se congratulent finalement (même Mars) tout en restant surpris de l'absence de Jupiter et Neptune.

« A mi-chemin de l'épreuve globale, voici le classement intermédiaire. Première place : Saturne qui a fait preuve de patience. Deuxième place : Uranus qui a fait preuve d'ingéniosité en suivant le maître de maison. Troisième place : Mars, record de vitesse, vous auriez sans doute gagné sans Venus accroché à vous. Suivent Soleil, Venus, Mercure et Lune dans un mouchoir de poche. Pluton arrive juste avant les deux derniers, mais vouliez-vous à tout prix la victoire ? Neptune arrivera sans doute avant Jupiter. »

Venus : Quoi ! A mi-chemin de l'épreuve globale ? C'est pas fini ?

Mars : Super ! J'ai encore une possibilité de gagner.

Saturne : Tout le monde a encore sa chance… Attendons les derniers et je vous dirai de quoi il s'agit.

Neptune finit par se hisser du tunnel et se retourne pour tendre la main à Jupiter. Celui-ci explique aux autres qu'il s'est retrouvé coincé à dix mètres de la sortie, il lui a fallu compter sur la gentillesse et l'empathie de son ami Neptune pour ne pas sombrer dans le défaitisme. Jupiter tend alors son chapeau à Saturne.

Jupiter : Ici, c'est vous le chef. Félicitations !

Toutes les planètes félicitent le nouveau chef mais également Jupiter pour sa magnanimité.

Saturne : Comme vous l'avez remarqué, il n'y a pas de porte ici mais j’ai dans l’idée que c'est à nous de la bâtir, ceci constituant probablement la deuxième épreuve. Elle demandera endurance, travail et rigueur. Pour ce faire, nous disposons de la terre que Pluton a entassé derrière lui pour son tunnel, des outils de Mars, des couleurs de Lune et bien d'autres objets se trouvant sur ce sommet. Sur le monte-charge, j'ai vu les plans de ce que nous devons bâtir. La porte de cette construction sera sans doute notre prochaine sortie vers la pièce XI. Je vous donne vos rôles respectifs et nous entamerons la dernière étape de ce… marathon.



Saturne en tant que maitre d'œuvre octroie le rôle dévolu à chacun :
Uranus est en charge de créer des outils performants. Grâce à ses idées lumineuses, il peut allier technologie et savoir-faire individuel. Il construit des poulies, des scies électriques, des marteaux piqueurs, des perceuses visseuses, etc...
Mars devient son compagnon de jeu préféré pour tester ses nouvelles trouvailles. Heureux d'être le manutentionnaire de service, il découpe, scie, perce et donne les matériaux à l’assemblage, qui revient à Saturne et Pluton, le premier se concentrant sur la structure générale de la bâtisse, le deuxième sur les soubassements et les fondations.
Soleil et Lune travaillent dur à leur tour pour donner du caractère à l'édifice : Soleil imagine l'intérieur tel une pièce de théâtre avec pupitre, estrade, et bancs pour accueillir un éventuel public, Lune, en parfaite partenaire, choisit les tissus, les textures et les aménagements pour mettre en lumière le lieu et le rendre agréable à tous. Elle s'associe à Venus pour les couleurs, les différents tableaux et bibelots, elles créent ainsi une multitude d'objets décoratifs.
Mercure assure son rôle de messager et fait la navette entre les différentes planètes afin de contrôler que les ordres de Saturne soient bien compris et exécutés. Il va et vient au milieu du groupe et en profite pour transporter les objets décoratifs à l'intérieur de la bâtisse.
Jupiter, se sentant quelque peu laissé pour compte et inutile, demande à droite et à gauche s'il peut aider. A chaque fois, la réponse est négative. Toutefois ne perdant pas son caractère bienveillant, il décide d'encourager tout le monde.
Neptune voulant à tout prix que cette construction soit un lieu de culte aux anges, tente de faire assoir son idée aux autres en parlant d'offrandes, de sacrifices, de foi, témoignage de l'amour que les planètes doivent ressentir à l'égard de leurs bienfaiteurs : sans succès. Neptune sublime alors son sentiment dépressif et fait preuve pour la première fois d'un hyper réalisme, il rejoint Jupiter et regarde les autres s'activer.

Après plusieurs jours de travail acharné, le bâtiment est construit et la porte XI est devant eux. Les anges demandent alors le mot de passe que Saturne s'empresse de dévoiler : « Nous bâtissons ».

Les anges reprennent leur classement :

« Saturne premier, Mars deuxième, Uranus troisième,… »

La porte XI s'ouvre.

Mars : Mais au fait, qu’avons-nous gagné ? Une médaille ?

Saturne : Pas besoin de médaille ici. Nous avons réussi à mettre en place nos objectifs personnels : c'est l'essentiel !

Venus : Nos objectifs personnels ?

Saturne : Oui, chacun d'entre nous a des ambitions qui lui sont propres. Vous, par exemple, vous voulez vous assurer d'une certaine harmonie. N’avez-vous pas pu mettre en pratique votre projet dans la décoration de cette bâtisse malgré ce paysage austère que vous détestez par-dessus tout ? Mars nous a prouvé que sans lui rien n'aurait été possible grâce à son incroyable énergie. Pluton a pu aboutir à son projet secret de sonder l'intérieur de cette pièce et a révélé quelques points faibles sur la structure. Uranus a montré que son objectif n'était pas uniquement d'acquérir une liberté individuelle mais de donner à tous ce sentiment, en faisant quelque chose dont nous le croyions tous incapable : se lier aux autres. Soleil a brillé lorsqu'il a déployé ses rayons pour éclairer notre construction... Etc... N'avez-vous pas tous le sentiment d'un travail et d'un désir personnel accomplis ?… Les cadeaux ou les médailles sont inutiles, notre récompense est intérieure… Continuons maintenant...




Les précédents épisodes :
A travers la Maison I - De l'éveil solitaire...
A travers la Maison II - De l'acquisition partielle...
A travers la Maison III - De l'idée neuve...
A travers la Maison IV - De l'émotionnel rêvé...
A travers la Maison V - De l'amour noble...
A travers la Maison VI -  De ces petits riens...
A travers la Maison VII - ... Aux identités sociales
A travers la Maison VIII - ...Aux introspections totales
A travers la Maison IX - ...Aux horizons élargis

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dimanche 12 novembre 2017

Les contes de Solman - A travers la maison IX : ... aux horizons élargis




Nous retrouvons Solman en compagnie de Lune prêts à explorer la Maison IX, maison de l’expansion relationnelle, de l’intégration sociale, de l’élargissement du champ de conscience.

C’est une maison de mode mutable (adaptabilité, mouvement, mobilité, échanges) dont l’élément est le Feu (enthousiasme, esprit d’entreprise, spontanéité), en analogie avec le signe du Sagittaire et sous la maîtrise de la planète Jupiter.

Elle est en lien avec les idéaux élevés, le mental abstrait, la moralité, la légalité, les hautes études, la philosophie, la religion, la théologie, mais également avec les longs voyages physiques ou mentaux, l’étranger, les explorateurs, avec tout ce qui peut permettre à la conscience de s’élargir.


... aux horizons élargis.

La porte IX s'ouvre. Une vague de chaleur déferle alors dans la pièce VIII causant un assèchement instantané de la végétation.
Lune a un malaise. Soleil se rue sur la porte pour tenter de la fermer, en vain. Affolé, il revient vers Lune et la prend dans ses bras pour l'emmener le plus loin possible de l'ouverture, dans un endroit frais. Malheureusement, malgré ses efforts, il sait que ce n'est qu'une question de temps avant que la chaleur ne détruise la salle entièrement, menaçant Lune de mort, à nouveau.

Soleil se met alors dans une colère immense : il en a assez de cette aventure où tout n'est que danger, peine et souffrance. De rage, il donne un coup de pied dans la porte, il hurle et incendie les anges de paroles injurieuses mais rien ne change et il prend conscience qu'il perd son temps inutilement. Il se doit d'agir très vite, plusieurs possibilités s’offrant à lui. Courir dans la pièce IX et voir comment la porte s'active par son entrée : cela risquerait de le séparer de Lune tout en la laissant en semi-sécurité (il ne peut toutefois pas se résoudre à l’abandonner une seule seconde). La prendre avec lui, sur ses épaules, et se hâter de trouver le mot de passe dans la pièce IX : trop risqué pour la santé de Lune s'il ne comprend pas la leçon de la pièce assez rapidement.
Finalement, après analyse, les possibilités qui s'offrent à lui ne sont donc guère réjouissantes. Il regarde Lune évanouie, tremblant de fièvre.

Soleil : Un scaphandre, il nous faut un scaphandre !

Il court jusqu'à la porte en restant dans l'embrasure de celle-ci, il analyse d'un regard les objets se trouvant à sa disposition dans la maison IX. Dans cette pièce, tout semble immense, le plafond est d’ailleurs totalement inaccessible, il ne distingue pas plus les murs, toutefois, à son grand désespoir, il n'y a que des montagnes de cendres et de braises, aucune combinaison, aucun cadeau de protection pour sauver sa partenaire. Paniqué, il retourne vers Lune qui respire difficilement, la fièvre étant montée. L'onde de chaleur est tellement puissante que la végétation autour d'eux commence à s'enflammer. L'air commence à devenir épais et irrespirable même pour Soleil ; ils vont bientôt étouffer.

Lune : Laisse-moi ici, continue... Va-t'en !

Soleil n'écoute même pas sa compagne. Machinalement, il prend le sac de Lune, fait de glace et malgré la douleur qu'il ressent, le vide rapidement et le pose sur la tête de sa bien aimée : accalmie temporaire. Il a soudain l'idée de regarder dans son propre sac et de faire l'inventaire de ce qui pourrait lui être utile. Un instinct, une idée, quelque chose en lui s'éclaire : la terre emportée de la pièce VI. Il la prend et l'installe autour de Lune pour absorber l'eau obtenue par la glace qui fond à vitesse exponentielle, ainsi il commence à lui fabriquer une combinaison. Malgré les picotements ressentis dans ses mains, Soleil travaille à malaxer la terre et l'eau, il recouvre Lune de la boue obtenue. Son sac en lave peut servir de caisson étanche, il lui faut le mouler au plus vite.
Il jette tout le contenu de celui-ci et retourne vers la pièce IX, il maintient la porte entrouverte avec son pied pendant qu'il lance son sac dans les braises. La lave séchée commence à se liquéfier, il tire sur l'anse et commence à sculpter et étirer la lave aux dimensions de Lune. Il réussit finalement à obtenir un globe suffisamment grand pour la transporter à l'abri de la chaleur. Il la rejoint, elle semble définitivement inconsciente mais la lave est toujours chaude et il ne peut en recouvrir Lune immédiatement. Malgré toute sa volonté et son amour, il ne parvient pas à trouver de solution, il manque d'eau, de fraicheur. Il y a quelques minutes, il mourrait dans de l'eau marécageuse et celle-ci lui serait d'un grand secours d'ailleurs, si... Il lève la tête.

Soleil : Eurêka !

Il n'avait pas pris le temps de remarquer que l'eau de la pièce VIII n'avait pas été absorbée ou encore aspirée par des tuyaux cachés, mais que le sol entier de cette pièce s'était abaissé tel un ascenseur leur permettant de survivre. Ravi de sa découverte tardive, il jette alors son sac vers le haut qui se refroidit instantanément et prend sa forme définitive. Il porte Lune jusqu'à sa combinaison de fortune, prend ses propres réserves d'oxygène en tubes, les jette dans la combinaison et la ferme hermétiquement ; Lune est sauvée, pour le moment...

Soleil se met en route, transportant Lune sur ses épaules. Il pénètre dans la maison IX et se retournant, constate que la porte disparait immédiatement en un tas de cendres.
Soleil : Heureusement que je n'ai pas choisi cette option là tout à l'heure !
Un vent chaud lui caresse le visage, dommage que Lune ne soit pas à son aise ici car lui apprécie. Il s'étonne toutefois de sentir des grains de sable s'insinuer dans ses narines, ses yeux, sa bouche : rien ne semble sablonneux ici, tout n'est que braises et cendres.

Lune toussote, Soleil respire de soulagement et s'empresse de la rassurer :

Soleil : Je t'ai fabriqué une combinaison, je te transporte, tu ne crains plus rien. Tu as de l'oxygène pour respirer. Je vais nous sortir de là, ma belle, tiens bon !... Je t'aime.

Pas de réponse claire dans le scaphandre mais juste un petit son qui rassure Soleil sur le fait que Lune a bien repris connaissance. Il décide alors de suivre son instinct : avancer contre le vent. Il marche alors pendant des heures au milieu des montagnes de braises, sur une terre brûlée. Ce territoire est immense ; il avance, encore et encore, gardant l'espoir secret que ses efforts seront récompensés. Soudain, au loin, il aperçoit ce qu'il pense être un arbre.


Soleil : Un arbre avec cette chaleur ? Mais c’est impossible !

Soleil pense qu'il devient fou, qu'il hallucine, la chaleur de cette pièce devant lui embrumer l'esprit.

Soleil : Marche ! Ne pense pas à autre chose que marcher ! Marcher jusqu'à trouver la prochaine porte, marcher pour sauver Lune !

L'arbre devant lui grandit au fur et à mesure qu'il s'en approche, Soleil rêve éveillé, cela ne peut être vrai même si le vent sur sa peau est de plus en plus frais, plus agréable. Puis au bord de l'épuisement, il s'arrête nez à nez avec cet arbre qu'il n'ose toucher craignant que celui-ci ne disparaisse. A ses pieds, de l'eau. Il avance d'un pas, sentant décidément qu'il devient totalement irréaliste dans cette maison. Mais à sa grande surprise, il se cogne sur l'arbre et émet un cri de douleur causée par l'eau sur son gros orteil. Il lâche Lune. Dans ce tas de cendres et de braises, au milieu de nulle part, dans ce monde, un plan d'eau, un oasis existe.

Lune : Aie !

Soleil : Oh désolé ! Je n'ai pas fait attention.

Lune : Pas très grave, mais préviens-moi la prochaine fois, ça secoue un peu.

Soleil : Je vais faire mieux, je vais pouvoir te sortir de là.

Lune : Tu as réussi à trouver la prochaine porte ?

Soleil : Non, pas tout à fait mais tu verras par toi-même, il y a ici un petit coin de paradis qui t'attendait.

Lune : Super, mais dis-moi, comment vas-tu faire pour me sortir de là ?

Soleil n'avait pas réfléchi à cela : sauver Lune dans la hâte était son objectif, lui ôter le scaphandre était totalement secondaire. Les seuls outils à sa disposition sont tous en rapport avec la chaleur et les flammes ainsi, trouver une solution en douceur lui apparaît infaisable.

A ce moment, une voix l'interpelle :

Pluton : Et bien, et bien, vous ici ?

Soleil : Pluton ?

Pluton : Ça se voit non ? Ah ! Lune vous accompagne, malgré elle, semble-t-il ! Vous avez besoin de la maintenir prisonnière pour qu'elle reste avec vous ? Ne faites pas cette tête, je vous taquine. Bonne idée d'ailleurs, la combinaison pour la sauver ! Vous devez être fier non ?

Soleil : Je voulais juste la sauver, le reste je m'en fiche, cessez vos sarcasmes !

Pluton : Ah, bien. Vous m'en voyez ravi, votre séjour dans ma maison vous a fait le plus grand bien à ce que je vois. Allez ! Venez avec moi, je vais vous aider à libérer votre compagne.

Soleil : Euh, comment savez-vous pour le fait que Lune et moi ?

Pluton : Allons, allons, vous n'avez toujours pas compris de quoi j'étais capable ?

Soleil : Euh,... Mercure n'est pas avec vous ?

Ils se dirigent vers une grotte cachée par l'arbre imposant, l'air y est beaucoup plus frais et supportable pour Lune. Mercure est assis et semble en bonne santé malgré une transpiration abondante, il se balance pourtant d'avant en arrière.

Mercure : Explorer... Marcher... Découvrir... Jupiter... Qui est en deuxième base qui ?... Sport... Expansion... Chevaux... Territoires... Etranger...

Soleil, interloqué, demande à Pluton :

Soleil : Mais que lui arrive-t-il ? Il semble fou.

Pluton : Je pense que c'est la chaleur qui lui fait cet effet. Il a comme disjoncté depuis que nous avons franchi le seuil de la porte IX, il a mille idées à la seconde, toutes incompréhensibles. Mais même si son cerveau semble en surchauffe, il suffit de l'écouter attentivement pour comprendre les liens de ses pensées. Je crois qu'elles peuvent être utiles pour le prochain mot de passe.
Nos deux partenaires ont quelques soucis ici, je vous propose une entraide : je vous aide à sortir Lune de sa protection et vous m'aidez à gérer Mercure.

Soleil : Marché conclu ! Si quelqu'un m'avait dit qu'un jour j'allais faire un marché avec vous, je me serai bien moqué de lui !

Pluton : Il faut savoir s'associer même avec une personne totalement étrangère à notre fonctionnement, c'est ainsi que l'on apprend non ?

Soleil : Assurément !

Pluton : J'ai exploré la grotte tout à l'heure et elle cache bien des trésors : derrière, il y a la mer et un navire, j'ai même trouvé cette carte. Regardez, elle indique où se situe la porte X. Cela ressemble à une invitation à aller plus loin, non ?

Soleil : En effet, excellent ! Mais si on pouvait d’abord s’occuper de libérer Lune, s'il vous plait.

Pluton regarde dans son sac et en tire un scalpel. Avec un sourire, il explique à Soleil sa passion pour la dissection, celui-ci à son écoute, a des hauts de cœur. Pluton transperce d'un coup sec et adroit la lave séchée du scaphandre, Lune respire de l'air frais. Pendant plusieurs heures, Soleil et Pluton se relayent pour libérer Lune.
Elle finit par sortir de sa prison et se jette dans les bras de Soleil, le couvrant de baisers. Voyant Pluton les regarder avec un certain cynisme, Lune s'avance et l'embrasse sur la joue, celui-ci hausse les épaules.

Pluton : Au moins, votre réaction est franche et spontanée. Allez, reposons-nous pour la suite. Lune, chère Madame, pourriez-vous avoir l'amabilité de dormir aux côtés de Mercure, vu votre nature d'eau, si je peux le dire ainsi, cela adoucira ses maux, je le suppose en tout cas.

Lune s'exécute, heureuse de pouvoir participer à ce travail d'équipe. Ils s'endorment tous bientôt, rêvant au lendemain et aux efforts qu'il leur faudra encore fournir pour atteindre leur but.

Au matin, les quatre planètes se préparent pour leur deuxième périple : Soleil se place sur le navire, étant le seul à pouvoir supporter la chaleur de cette maison. Pluton et Lune se glissent dans l'eau et servent ainsi de gouvernail et de moteur au bateau. Tous les trois ont enveloppé Mercure dans son sac (une bulle d'air), à l'avant du bateau, là où les embruns seront les plus forts, garantissant ainsi la fraicheur lorsque l'embarcation sera en pleine vitesse. Lune et Pluton se mettent à nager. Pendant de longues heures, Soleil ne voit rien à l'horizon, il guette, encourage ses deux compères, vérifie que Mercure ne soit pas malade et contemple la carte pour deviner la direction à prendre.


Tout à coup, il s'exclame :

Soleil : Terre ! Terre ! Et surtout porte X, droit devant !

Pluton et Lune se regardent et redoublent d'efforts, Soleil leur décrit ce qu'il voit.

Soleil : La porte semble déjà ouverte. Mais c'est quoi ce bazar ? Mais, mais, nous ne sommes pas seuls, tout le monde est là ! Allez ! Vite, du courage !

En effet, au loin, Jupiter fait des grands signes de bienvenue, il semble heureux, excité et en joie de les retrouver tous. A peine accostés, Jupiter les accueille chaleureusement.

Jupiter : Il ne manquait plus que vous ! Nous vous attendions. Nous devons tous franchir la porte X ensemble. Que ça fait plaisir de vous revoir tous ! Venez que je vous serre dans mes bras !

Jupiter allie aussitôt la parole au geste, Soleil en rit, Lune se sent toute petite et Pluton tente de se dégager de l'étreinte. La bulle de Mercure éclate sous la pression des bras de Jupiter, il panique. D'un seul geste, Jupiter se saisit du petit bonhomme et le balance dans les airs tel un vulgaire sac à provisions. Mercure volant à son insu, hurle de terreur et voit arriver sur lui un immense trou tandis que les autres regardent ce spectacle horrifiés par un Jupiter aussi dédaigneux. Mercure tombe dans l'orifice qui le happe et le fait remonter jusqu'à un dôme en verre où toutes les planètes sont réunies devant une table bien garnie. Faisant signe aux autres d'avancer vers ce dôme, Jupiter fait de l'esbroufe.



Jupiter : Panier ! Ha ! Ha ! Ha ! Je vous ai fait peur hein ? Que vous êtes rabat-joie alors ! Je m'amuse. Je savais ce que je faisais, tel Cyrano de Bergerac, à la fin de l'envoi je touche ! Ha ! Ha ! Ha ! Allez réjouissez-vous ! J'aime tout le monde, moi. Mercure est sain et sauf, ne vous inquiétez pas. Regardez-le, il en rigole. Allez, venez manger un coup !

Soleil : Euh, bon très bien... Et la porte X ?

Jupiter : Ah oui, je l'ai ouverte, mot de passe : « Nous explorons ».

Pluton : Cela semble logique.

Lune : Nous n'y allons pas ?

Jupiter : Et manquer un repas gastronomique ? Mais vous n'y pensez pas ma chère ! Nous verrons cela après avoir rempli notre ventre, nos chances n'en seront que meilleures ! Allez, vous êtes mes invités.

Et tous se glissent dans l'orifice qui les mène au dôme.
Dans le dôme, les planètes partagent leurs expériences sur leurs parcours respectifs ne se souciant guère du temps qui passe. Jupiter raconte avec enthousiasme sa découverte de la pièce IV, tandis que Venus se plaint de ses mésaventures dans la pièce I. Mars se sentant heurté par sa coéquipière sur la maison dont il est le maître, lui rappelle avec rage qu'ils ont fini par trouver un terrain d'entente dans la maison VIII par une torride étreinte. Venus rougit provoquant l'hilarité de toute l'assemblée.


Soudain, au centre de la table émerge un chapeau.
Neptune avale de travers sa gorgée de vin tandis qu'Uranus s'exclame :

Uranus : Chouette ! Une surprise !

Les autres, dubitatifs, lisent attentivement l'inscription sur ce haut de forme. Lune sourit en pensant à Soleil qui pourrait l'utiliser à des fins théâtrales.

Election d'un chef de groupe.
Une âme innocente plongera la main dans le chapeau pour en tirer un papier.
Le nom y étant inscrit sera celui du chef de groupe

Soleil : Génial, il est vrai que nous avons besoin d'un chef !

Mercure : Oui, ce serait plus pratique.

Pluton : Encore faut-il trouver l'âme innocente ?!

Tous tournent leur tête vers lui et le dévisagent, ils ne sont toujours pas habitués à ses sarcasmes.

Jupiter : Je propose Lune…

Surprise par cet intérêt soudain, Lune sursaute et soutient qu'elle n'en est pas capable, mais poussée par le groupe, elle se voit obligée d'obtempérer. Venus la regarde, envieuse de l'intérêt momentané accordé à Lune, lui soufflant la vedette. Lune observe les réactions de Soleil lorsque sa main tourne les papiers dans le chapeau. Elle lui fait signe de ne pas lui en vouloir si elle ne piochait pas son nom, il la rassure :

Soleil : Je ne compte pas sur la chance pour prouver ma valeur. Ne t'inquiète pas, je ne t'en voudrais pas.

Elle finit par extraire sa main et déplie le papier. Son visage la trahit immédiatement et Soleil sait que le hasard ne lui a pas été favorable, il espère juste que ce ne sera pas Saturne, trop fermé. Lune, timidement, indique alors Jupiter du regard. Celui-ci sourit à pleines dents et quelques applaudissements se font entendre.

Il se lève et n'a pas le triomphe modeste : il gonfle le torse, fait une danse de la victoire, salue l'assemblée, prend le chapeau pour le mettre sur sa tête.

Jupiter : Appelez-moi Monsieur Jupiter ! Ah la chance ! C'est vraiment mon truc ! Bon, très bien, ceci m'a mis en grande forme pour la suite. Je propose d'y aller après un dernier petit verre ! Santé !

Jupiter avale d'un trait son verre et demande aux autres de bien vouloir le suivre. Toute la troupe se réunit devant la porte X. Jupiter, fier de son rôle de leader, prend la tête du convoi et encourage ses alliés :

Jupiter : A l'abordage moussaillons !

Pluton hausse les épaules, ils franchissent tous ainsi le seuil de la porte.





Les précédents épisodes :
A travers la Maison I - De l'éveil solitaire...
A travers la Maison II - De l'acquisition partielle...
A travers la Maison III - De l'idée neuve...
A travers la Maison IV - De l'émotionnel rêvé...
A travers la Maison V - De l'amour noble...
A travers la Maison VI -  De ces petits riens...
A travers la Maison VII - ... Aux identités sociales
A travers la Maison VIII - ...Aux introspections totales

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jeudi 2 novembre 2017

Les contes de Solman - A travers la Maison VIII : ... aux introspections totales



Solman est maintenant associé à Lune pour poursuivre son périple. Les voici entrant dans la maison VIII, secteur considéré comme bien mystérieux, en lien avec l’inconscient, les secrets, les choses cachées, la sexualité, les transformations, l’argent qu’on reçoit des autres.

Cette maison est en analogie avec le signe du Scorpion, la planète Pluton, c’est une maison d’Eau.
Ses mots clés : Héritages, dépossessions, mort et renaissance, contact avec les mondes occultes.

C’est le secteur de l’approfondissement relationnel, c’est dans cette maison qu’on cherche à fusionner avec l’autre, où on teste l’intensité et la profondeur de la relation mais où on recherche aussi notre sécurité intérieure, notre sécurité émotionnelle.
On est mis au défi dans cette maison de s’impliquer pleinement dans la relation, d’accepter de dévoiler nos zones d’ombre, nos angoisses, nos peurs, tout ce qu’on juge en nous de peu valorisant afin de nous montrer authentique face à l’autre, sans faux semblant. 

La maison VIII est aussi un secteur d’argent, ce qu’on reçoit des autres mais aussi nos pertes, ce qui nous est retiré et ce à quoi on doit renoncer : héritage, legs, assurance, rente, suite à une association, un mariage…

C’est donc un secteur de transformation et de lâcher prise, on prend conscience du côté illusoire de la possession, c’est un passage à un état de conscience plus spirituel.


... aux introspections totales

La porte VIII s’ouvre et, immédiatement, une odeur âcre s'en échappe.
Soleil et Lune reculent et s'observent : les autres sont rentrés, les portes se sont fermées.
Un hurlement se fait entendre, Lune se précipite dans les bras de son partenaire. Contrairement à ce que Soleil pensait après avoir touché le fauteuil de Lune dans la pièce précédente, le contact de leur deux natures différentes se révèle agréable, voire même très plaisant. Il sent une douce chaleur se saisir de son corps, une sensation de bien être le parcourir, une douce flamme s'allumer dans son bas ventre.
La voix de Lune le rappelle à la réalité :

Lune : Qu'est-ce que c'était ?

Soleil : Hum... Euh oui... Hein ? Quoi ? Euh, ne t'inquiète pas, cela devait être juste le vent. Enfin, pardon, ne vous inquiétez pas, cela…

Lune : Hi ! Hi !… Je crois que nous pouvons envisager le tutoiement, en effet…

Un cri, semblant être celui de Vénus et venant de la pièce d’à côté, traverse à nouveau les murs.

Soleil : Euh… Oui, oui, c’est ça, le tutoiement… Evitons les chichis, comme l’a si bien dit Mars tout à l’heure… Euh, bon… Ca va ? Tu te sens suffisamment forte pour la suite de l’aventure ?

Lune échange un regard avec Soleil en guise de réponse, ce qui lui fait totalement oublier sa peur ; elle sait qu'il sera à même de la protéger quoiqu'il arrive. Elle répond à son sourire, lui prend la main et faisant un signe de la tête vers la porte :

Lune : A nous la pièce VIII ?

Soleil : C'est parti !

Soleil et Lune franchissent le seuil. Se retournant pour contrôler le déclenchement de la porte, Lune donne un coup de coude à Soleil, trop absorbé par l'atmosphère étrange de la pièce pour avoir penser à la routine de son aventure : revenir sur ses pas. Soleil observe alors à l'emplacement de la porte VIII, une petite flaque d'eau nauséabonde. Il sourit à Lune et hausse les épaules.




Soleil : Toute cette ambiance pour cette petite mare ! C'est assez curieux, je m'attendais à quelque chose de plus... spectaculaire.

Lune : Oui ! Moi aussi, plus nous avançons dans les maisons, plus les portes s'activent de manière grandiose et impressionnante. Mais pas ici... Bizarre.

Soleil : Ne t'inquiète pas, c'est juste une petite pièce ridicule. Allez ! Cela s’annonce finalement d’une grande facilité ici, viens !

Lune : Hum... D'accord. Mais sache que je ne la sens pas du tout cette pièce, moi…

Soleil : Allez viens, je te dis !

Soleil et Lune se séparent pour accroître leur chance de trouver au plus vite le mot de passe ; la pièce est si étrange que Lune ne souhaite pas rester une minute de plus. La maison est composée d'un immense bric à brac où se côtoient cadres et miroirs, livres de psychanalyse et romans noirs, nourritures, fleurs... : une véritable brocante d'objets déjà utilisés ou cassés.

Soleil saisit un cadre représentant une scène de bonheur familial : un enfant sur les genoux de sa mère à côté de son père, tous souriants. Au fur et à mesure que Soleil reste fixé sur l'image, celle ci se met en mouvement, elle prend vie sous ses yeux. Un spectacle visuel démarre.

Soleil : Regarde Lune, les images bougent dans les cadres ! Viens voir !

Lune, de son côté, est occupée à observer un miroir, elle ne lui répond pas. Elle se trouve très jolie, peut être un peu ronde à son goût ; normal elle est en phase d'être pleine, mais une tâche apparaît sur le miroir au dessus du front de Lune. Elle tente de l'essuyer avec ses doigts, rien y fait ; pire, la tâche s'agrandit.

Soleil est concentré sur la mini pièce de théâtre : la mère câline l'enfant, le père l'embrasse tendrement. Soleil aime ces démonstrations d'affection. Il regarde Lune et pense au jour où il osera l'embrasser mais il revient sur le cadre, attiré par une scène qui n'a plus rien d'idyllique : le père saisit l'enfant par le bras et le frappe violemment ; la mère tente de freiner son mari puis se résigne soudainement et se met dans un coin de la pièce ; elle semble assister, complaisante à ce triste spectacle. Soleil est surpris et dégouté. Il jette le cadre par terre pour ne pas voir la suite. Il en prend un autre.

Lune observe la tâche s'agrandir et finalement s'emparer entièrement du miroir. Elle voit alors apparaître devant elle une boule noire au regard sournois et à la mine dévastée. Le sourire de ce personnage n'est pas engageant et ressemble plus à une grimace, il semble même cruel. Lune a l'impression que l'image tente de l'hypnotiser et celle-ci, lui faisant un clin d'œil sarcastique, désigne Lune du doigt et se désigne à son tour. Le cœur de Lune ne fait qu'un bond lorsqu'elle comprend ce qui se passe devant elle : la petite boule noire c'est elle, son côté sombre, ce qu'elle tente de se cacher à elle-même et aux autres.
Lune est de moins en moins rassurée, elle regarde Soleil : si elle l'appelle, il la verra dans toute sa médiocrité et elle ne peut s'y résoudre. Ainsi, malgré sa peur, elle choisit de ne rien faire, ne dit rien et cache sa terreur tandis que la douleur la surprend.

Soleil, de son côté, attend l'animation suivante dans son nouveau cadre : une fillette et son chat. Celui ci, dès la photographie prise, détale à vive allure. La fillette se jette alors sur un balai et hurlant de colère, tente d'assommer son animal de compagnie. Soleil dépité, pose le cadre et jette un rapide coup d'œil sur les autres : une vieille dame et son mari (le mari commence a étranglé sa femme, sans doute pour le tas de pièces brillantes à ses côtés), un militaire recevant une médaille (des fantômes d'enfants mutilés se cachent derrière celui ci sans doute coupable de leurs sorts), etc...   

Voulant se changer les idées, Soleil regarde Lune, mais celle ci lui apparaissant totalement effrayée, décide d'aller à sa rencontre. En chemin, il prend des fleurs qui trainaient dans un vase :

Soleil : Tu as raison Lune, cette pièce est bizarre et j'ajouterai malsaine. Nous nous dépêchons de trouver la porte suivante et nous y allons. Cette atmosphère me glace le sang...
Ha ! Ha ! Ha ! T'as vu ? Je fais de l'humour noir !

Lune ne répond pas. Soleil répète sa blague pensant qu’elle ne l'avait pas entendu, mais toujours pas de réponse. Il arrive à ses côtés, lui tend les fleurs (à son grand étonnement totalement fanées) et lui demande ce qui ne va pas : toujours pas de réponse. Il passe sa main devant les yeux de Lune, ceux ci restant grands ouverts mais sans un seul battement de paupières. Soleil panique, il saisit Lune par les épaules et la secoue tout en lui criant de réagir.

Il est trop tard, Lune est définitivement bloquée dans son corps : elle est pétrifiée. Soleil regarde machinalement le miroir. Il distingue une immense boule noire à côté de ce qui semble être le reflet de Lune, petite boule noire également. Tout à coup, le cœur de Soleil lui fait horriblement mal, il met une main sur sa poitrine et un genou à terre. En un instant, il comprend qu'il s'agit également de son reflet, que cet hideux personnage à côté de Lune et qui vient de mettre une main au sol est bien lui.

Soleil : Quelle horreur ! Quel monstre d'orgueil !

Il sent son corps se tétaniser. Cette pièce oblige donc à se regarder dans sa plus monstrueuse vérité : Soleil a compris le message. Il faut qu’il puisse donner le mot de passe avant qu’il ne soit trop tard. Il tente de se calmer, faire battre son cœur moins vite et regarde aux alentours si la prochaine porte apparaît, mais rien ne se produit. Il reste face à lui-même et lutte de toutes ses forces pour ne pas subir le même sort que Lune.

Il réalise alors que l'eau nauséabonde créée par la disparition de la porte VIII vient se frayer un chemin jusqu'à leurs pieds. Les choses empirent : il est bloqué, son cœur est sur le point d'exploser, il ne peut sauver Lune et l'élément le plus redouté de sa nature est en train de l'attaquer. La douleur se fait fortement ressentir, il fait des efforts surhumains pour se dégager, sans succès. L'eau noirâtre monte désespérément, les voilà maintenant en danger de mort immédiat.
 
Soleil pose son regard sur Lune et distingue une larme s'écouler sur sa joue. Il se met à pleurer à son tour. Il réalise que tout est maintenant perdu, qu’il ne peut plus rien faire. Il se rend compte qu’il a échoué, menti : il n'est pas le meilleur, le plus fort, le plus valeureux ; il n'est rien de tout cela. Dans cette pièce, il n'est plus qu'une image horrible dans un miroir. Le parfum de la mort, sans doute l'odeur de la mare qui grandit encore, parvient jusqu’à ses narines tandis que des algues, des scorpions, de la vase grignotent les cuisses de Soleil.

Dans un effort supplémentaire, utilisant la dernière énergie disponible, Soleil réussit à saisir la main de Lune. Il veut lui montrer qu'il est à ses côtés dans la mort qui les attend. Il l’aime. Il sait qu’elle lui survivra quelques minutes, et qu’elle ne mourra pas de la sensation de froid ou de la noyade mais les algues finiront par l’empêcher de respirer, bloquant sa capacité à respirer sous l’eau.

Malgré la souffrance de son corps et la peine de son cœur, il serre la main de Lune pour lui prouver son amour. Puis, à bout de forces, sa main tombe dans l'eau. Il pleure de douleur et se refait le film de sa courte vie : son incapacité à la sauver, son manque de volonté, sa frustration, son mensonge, son égo, son orgueil. Il se maudit d’avoir jouer un rôle, il aurait dû être vrai, rester vrai.
L'authenticité, c'était peut-être cela le mot de passe, en tout cas c'était une hypothèse qui semblait juste mais le jugement a sonné et la sentence est dure et implacable : Soleil et Lune vont mourir. Il contemple le bouquet qu'il avait dans les mains et les livres qui flottent à la surface de l’eau.
Par une  curiosité mal placée, Soleil lit le résumé de la jaquette du roman intitulé : "Le Portrait de Dorian Gray". Une pointe de cynisme le fait sourire : ce n'est seulement vers la fin de son existence qu'il réalise ses erreurs.

L'eau arrive à son menton. Soleil est surpris d'avoir survécu jusqu'ici mais il sent bien que la vie le quitte tout doucement. Il voudrait hurler à Lune son amour, qu'elle lui pardonne sa bêtise, ses mensonges. Il regrette le temps qui lui a manqué pour lui montrer toute son affection mais aussi ses véritables qualités. Il est maintenant trop tard et dans un dernier regret, une dernière larme, Soleil s’éteint définitivement…

Lune ne voit pas que son compagnon est déjà mort mais elle le sent au fond d’elle-même. Elle ne va pas tarder à le rejoindre, elle cherche désespérément à retrouver la main de Soleil qu’elle  ne sent déjà plus depuis quelques minutes.

Lune : Quelle idiote !

Elle a été menteuse, passive et attentiste, elle a préféré dissimuler ce qui aurait pu les sauver par crainte de ne pas être comprise, aimée. Elle ne sentait pas cette pièce et elle avait raison. Elle aurait du l’alarmer et sauver son partenaire. Elle commençait à l’apprécier plus qu’elle n’aurait voulu et même à le trouver fortement attirant, elle s'attachait à lui.
Mais elle a scellé leurs sorts par son indécision, elle l’entraîne avec elle dans la mort. Des algues pénètrent dans sa bouche, elle commence à suffoquer, l'air devient plus rare. Elle va le rejoindre, ce beau partenaire qu'elle semble de plus en plus aimer… Elle évite de paniquer pour ne pas accélérer sa mort tandis qu’elle jette un dernier regard aux quatre coins de la pièce en espérant un miracle mais en vain. Ses yeux se ferment, elle prend une dernière bouffée d'air et s'évanouit, définitivement.

Le bruit d’un gros mécanisme se fait alors entendre et tout le sol de la pièce amorce une descente encore plus profondément sous l’eau. Les objets et meubles semblent alors s’élever tandis que les deux cadavres de Soleil et Lune pénètrent dans leur éternel cimetière marin. Mais après de longues minutes, une lumière souterraine apparaît soudain. A mesure que le sol s’abaisse, l’eau reste comme figée au plafond et l’air reprend ses droits, la lumière se répand maintenant dans une nouvelle pièce beaucoup plus radieuse et sereine.


Une odeur de printemps, des oiseaux qui chantonnent et une végétation luxuriante, vivante envahissent les quatre coins de ce merveilleux jardin d’Eden. Après l’enfer, serait-ce le paradis ? Une nouvelle vie ? 
Soleil ouvre les yeux. Il toussote, crache l'eau ingurgitée, mais, trop faible, s'évanouit. Lune s'éveille à son tour et vomit les algues. Apercevant Soleil, elle se traine jusqu'à lui s'allongeant à ses côtés. Elle réalise qu'elle a survécu et vérifie le pouls de son partenaire. Celui ci ouvre à nouveau les yeux et avec une grande difficulté, lui sourit.

Soleil : Je suis désolé…  J’aurai dû te dire avant : je t’ai menti et je me suis aussi menti à moi même. Je ne suis pas le plus fort, ni le meilleur, je suis en fait très orgueilleux. Je ne fais que ce que je peux. Je n'ai pas su te protéger, pardonne moi.

Lune : Tu n'as rien à te faire pardonner. Je t'ai menti également : je peux être versatile et paresseuse. Je ne suis malheureusement pas à la hauteur de ce que tu espères.

Soleil observe une éphémère qui vient de se poser sur une plante à côté d'eux. Il regarde Lune et caresse sa joue. Puis se moquant de la situation, finit par improviser :

Soleil : Bonjour je me présente : je m'appelle Soleil et je suis loin d'être le meilleur, je suis un monstre d’orgueil. Mais, si vous me laissez ma chance, je ferai de mon mieux pour me tenir à vos côtés car… Je vous aime.

Lune : Hi ! Hi ! Enchantée Soleil, moi c'est Lune… Je suis faible, indécise, d’humeur changeante mais… Je crois bien que je vous aime aussi.



Soleil plonge alors son regard dans celui de Lune. Il a osé lui montrer sa vérité, sans mensonge, sans faux-semblants. Il se penche, caresse les cheveux de Lune et l'embrasse. De cette pièce, il n'attendait rien mais la renaissance est au bout du cauchemar, du chemin parcouru. Après cette traversée du tunnel, il se sent au sommet de son énergie, il a un sentiment de surpuissance : en se rendant compte de son égocentrisme, il est devenu paradoxalement plus fort. Ne se souciant plus de trouver la prochaine porte et le mot de passe, ils décident de savourer ce petit bout d'Eden. Dans cet instant de bonheur revenu, ils font l'amour intensément et passionnément.

Finalement, les anges les surprennent et posent la question tant attendue, Lune et Soleil rient et en choeur déclarent : « Nous nous transformons ! ».




Les précédents épisodes :
A travers la Maison I - De l'éveil solitaire...
A travers la Maison II - De l'acquisition partielle...
A travers la Maison III - De l'idée neuve...
A travers la Maison IV - De l'émotionnel rêvé...
A travers la Maison V - De l'amour noble...
A travers la Maison VI -  De ces petits riens...
A travers la Maison VII - ... Aux identités sociales

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